La persévérance est au cœur de l’acte d’écrire, du mien. Le café, la méditation, le sommeil, le temps, long ou court, n’y peuvent rien. Dans mes heures sombres, j’ai parfois l’impression d’écrire plus vrai, mais je me trompe. Certaines de mes créations les plus riches sont nées d’expériences merveilleuses.
Qu’on traîne toujours dans le même bureau, les coudes sur la table, ou qu’on revienne de l’autre côté de la planète, la démarche est peut-être la même? J’aimerais être de ceux qui écrivent au petit matin, quand le rose du ciel laisse présager le meilleur et le pire, et que les chats rentrent chez eux. Mais je n’en suis pas. Je passe mon temps à courir après des échéances. Finalement, mon heure de prédilection est celle du 5 à 7. Mon amoureux a formulé à ce sujet une théorie étroitement liée aux stratégies inconscientes de répartition des tâches domestiques.
Mon amie Caroline, dont le roman Dormir avec les fantômes (Éditions de la Grenouillère) paraît ces jours-ci, m’a proposé des rencontres périodiques, que nous avons rigolotement appelées « rencontres de codéveloppement », pour nous rappeler de ne pas laisser le travail lucratif et la vie en général prendre toute la place. Je compte bien y donner suite : je dois en partie à Caroline, d’avoir écris Un mercredi comme les autres. Sa ténacité est inspirante.
D’autres occasions se présentent. On m’a demandé de veiller, fin janvier, sur une maison des Cantons de l’Est et sur sa locataire quadrupède. Trois semaines. Dois-je y voir une occasion inespérée de faire progresser mon roman-tortue? Ou un prétexte pour remettre à plus tard – c’est loin, janvier – un chantier d’écriture qui passe toujours après tout le reste? Il n’est pas anodin que le titre de travail de mon roman soit Les prisonniers. Suis-je traductrice parce que je n’écris pas assez? Ou n’écris-je pas assez parce que je ne refuse aucun contrat? « Quel est mon rôle? », comme dit le Mini-Wheat de la publicité (ma culture télévisuelle est abyssale).
J’écoute peut-être trop de télé.