Ça ne sera pas long

Qui n’a pas vu passer sur son fil d’actualité ou dans les pages du journal un rappel récurrent du pouvoir de distraction des technologies et des réseaux sociaux ? Si notre part rationnelle est généralement d’accord avec le postulat, on ne prend pas vraiment le temps de comptabiliser toutes ces grenailles de temps qui s’envolent en vaines dispersions numériques. Ce qu’il faut, c’est une vraie démonstration en temps réel, comme celle que je me suis involontairement servie hier matin, alors que je devais terminer un travail et l’envoyer au client avant quinze heures.

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Creative Commons.

À onze heures vingt, je reçois un courriel d’une consœur traductrice de la Nouvelle-Écosse à qui j’avais envoyé une proposition la veille. Son courriel est immédiatement suivi d’une invitation à se connecter sur LinkedIn, ce grand réseau de moins en moins d’affaires et de plus en plus social.

{Ça ressemble, pour tout dire, à un réseau social pour les accros du travail et ceux qui prennent leurs contacts d’affaires pour des amis. (Ne m’en voulez pas, A. et M. ;-)) Sérieusement, qui prend le temps de parcourir chaque semaine le fil d’actualité de LinkedIn ? Pire, qui prend le temps d’aller sur LinkedIn pour parcourir le fil d’actualité ? Je veux dire qui, à part les spécialistes du web, des technologies et des réseaux sociaux ? Est-ce que ça existe, quelqu’un qui, après avoir lu un article dans le journal, ressent brusquement l’envie de le relayer sur LinkedIn ? À ses cinq cents contacts ?}

Bref, cette consœur m’envoie une invitation à me connecter sur LinkedIn. Tel le chien de Pavlov, je clique sur « Accepter » et me retrouve d’office sur la page du réseau, qui m’invite à saisir mon mot de passe. Je semble avoir oublié cette traduction à transmettre pour quinze heures, mais non ! Je me dis que ça ne prendra que quelques instants, mais j’avais oublié cette fâcheuse étape de l’identification.

Sur la page d’accueil de LinkedIn, je tombe sur une vidéo TED dans laquelle Jean-Martin Aussant parle de l’importance de l’économie sociale. Sans l’ombre d’une hésitation, je clique dessus et m’émerveille du verbe d’Aussant et de la clarté de sa présentation. Au bout des neuf minutes que dure la vidéo, je me dis que certains de mes amis Facebook ne voudront pas passer à côté d’une démonstration aussi impeccable. Je me connecte donc à Facebook et trouve une publication de ma cousine, dont je n’ai pas eu de nouvelles depuis au moins… deux jours.

J’étais en train de commenter la publication de ma cousine quand mon beau a fait irruption dans mon bureau pour me demander un coup de main au sous-sol. En roulant un peu des yeux, je me suis dit que, décidément, il était bien difficile de travailler sans être constamment interrompue.

De retour du sous-sol, j’ai constaté qu’il était midi trente, que j’avais faim et que je n’avais toujours pas relayé la vidéo de TED sur Facebook ni, d’ailleurs, répondu à ma consœur de Nouvelle-Écosse.

En plus, j’ai l’impression d’avoir oublié quelque chose.

Une réflexion sur “Ça ne sera pas long

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