Odeurs de saison

Aujourd’hui, j’ai constaté que certains signes ne trompent pas.

Aux premières lueurs de l’aube, le cri d’une mouette planant haut dans le ciel. La fenêtre qu’on entrouvre d’un chouia. Le tap tap tap de la gouttière sur la platebande mouillée, comme une salutaire perfusion. L’effluve d’une cigarette qui s’éloigne déjà entre les doigts d’un passant. Le soleil dont les rayons traînent de plus en plus longtemps sur ma table de travail. Au diable les alertes météorologiques et pronostics douteux de Météomédia: mes repères sont bien plus sûrs. 

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Photo : Pearl Duval

En ce pays où le printemps débarque comme un super-héros (avant de vaciller trois, quatre ou cinq fois), il faut des garde-robes grandes comme des garages pour contenir nos vêtements d’hiver, ceux des beaux jours et, entre les deux, ceux du redoux de février, de mars-crissement-froid et d’avril-pas-sûre-de-quel-temps-il-fait. Après quelques mois au Québec, mon ami Emmanuel avait constaté à quel point l’hiver québécois, meurt avec panache: ici, souffleuse à neige, crocus et sandales cohabitent très bien dans la même semaine.

Nous sommes tous égaux devant l’arrivée du printemps. Jeune ou vieux, pauvre raide ou friqué, snob ou colon, démagogue ou altermondialiste, comme autant de tournesols qui redressent la tête aux premiers signes de l’imminence des beaux jours. Non, vraiment, il nous en faut bien peu pour vibrer à l’unisson. Nous assistons à la fin de l’hiver dans l’allégresse, comme à une grand-messe en plein air.

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Rien ne me ravit autant que ces premières fois où j’ouvre la fenêtre en plein jour et que la vie se réinvite chez moi. Tous ces bruits, toutes ces odeurs qui, dans six mois, useront mes nerfs au point où je préférerai la climatisation au vent doux de septembre, je les reçois aujourd’hui comme des récompenses de ma patience. Pauvres, pauvres snowbirds qui ne goûtent plus cette ivresse depuis qu’ils ont choisi de vivre ailleurs la moitié de l’année ! Grand bien leur fasse. En cette minute, mon bonheur vaut bien une plage.

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