
Les femmes – et peut-être les hommes aussi – ont du mal à demander. Nous nous disons généralement mauvais vendeurs parce que nous manquons de conviction, particulièrement lorsque l’objet de notre requête nous concerne.
Lorsque nous étions jeunes, ma sœur reprochait à ma mère de céder à mes cajoleries alors qu’elle-même était si raisonnable et ne demandait jamais rien. Je faisais tout le contraire. Lorsque je voulais obtenir quelque chose – surtout une permission –, je ne reculais devant aucune niaiserie pour faire rire ma mère et l’amener à dire : «Vas-y donc, fatigante!»
À quel moment apprend-on à craindre de demander? Peut-être à l’âge où les conséquences imaginées d’un refus nous semblent trop importantes pour qu’elles en vaillent le risque. La proposition désinvolte que fait l’adolescente à l’élu de son cœur ne laisse rien deviner du travail d’orfèvre qu’elle y a consacré, après l’avoir répétée et reformulée cent fois. En général, la platitude dont elle accouche finalement ne traduit jamais l’émoi qui l’habite. Pas étonnant que l’élu dise non.
Depuis quinze ans, je m’emploie à vendre les mérites de l’ensemble vocal dont je fais partie. J’ai dépensé jusqu’au dernier de mes crédits auprès de certains amis, de relations d’affaires et de parents parce que je crois profondément dans la qualité et la grandeur de ce que nous produisons sur les plans musical et social. Et lorsque nous créons des moments d’éternité comme ceux du concert de samedi dernier, je me dis que le jeu en valait largement la chandelle.
Aujourd’hui s’achève la campagne d’abonnement en ligne à Un mercredi comme les autres : histoires et excès de table. Pendant trois semaines, au moins quarante personnes sont devenues partenaires de ce singulier projet de série littéraire estivale. Quarante amis et parents ont demandé à leurs amis, à leurs proches et à d’illustres inconnus de venir jeter un coup d’œil sur la page de mon projet. Je l’ai fait aussi, mais beaucoup moins que certains d’entre eux. Manifestement, demander pour soi ne devient pas plus facile avec l’âge… La preuve : un autre que moi – l’infatigable Louis-Maxime Lockwell – a formulé la grande demande à chacune et chacun des partenaires du projet.
Je les remercie donc aujourd’hui, comme je le ferai intérieurement chaque mercredi de l’été en leur envoyant une nouvelle histoire ainsi qu’aux quelque deux cents autres lecteurs qui se sont abonnés en ligne et hors ligne.
Merci donc à Adrien, Anne, Béatrix, Caroline, Céline, Chérine, Christian, Denise, Diane, Edmond, Emmanuelle, France D., Geneviève, Ghislaine, Ginette B., Ginette D., Guylaine, Josée (ma Robinette), Josette, Louise, Lucie, Marie-Chrystine, Marie-Claude, Marie L., Marie-Philippe, Marie R., Mathieu, Myrianne, Nadège, Nathalie P., Nathalie V., Patrick, Pierre-Yves (mon beau cœur d’amour), Roxanne, Sarah, Sylvie, Véronyque et Vincent.
Deux personnes, seulement, ont refusé de participer. Je remercie Claude et Yvan qui, de façon informelle, les ont remplacées cent fois mieux. Enfin, je remercie Louis-Maxime, que la vie et le chant choral ont placé sur ma route.
J’ai reçu immensément durant cette campagne, et même si celle-ci n’avait pas connu un aussi franc succès, je n’en sortirais pas moins choyée de vous compter parmi les miens.
Et maintenant, on lit!