Tout ce qui relève du rituel du coucher en fait-il vraiment partie? De la tournée de la maison pour tout éteindre au brossage des dents, le regard absent, en passant par le dépouillement du corps et l’onction des mille et une lotions – une nouvelle pour chaque année qui passe –, ce qu’on appelle rituel n’est au fond qu’une virée sur le pilote automatique.
C’est que le rituel implique un caractère cérémoniel que ni le dentifrice ni l’extinction des feux n’est en mesure d’offrir. Non, mon rituel à moi s’accomplit au dernier instant de la journée, juste avant de plonger dans le noir et contre la bienveillante chaleur de l’autre.

En dépit de ses généreuses dimensions, notre chambre est encore trop exiguë pour que la corbeille trouve sa place près de notre lit. Cachée derrière la coiffeuse, elle est à la fois hors du champ de vision des indiscrets et de notre portée lorsque nous sommes couchés. La paresse m’a conduite la première à lancer un mouchoir roulé en boule ou une grille de mots croisés chiffonnée sans quitter mes draps. Passés les premiers ratés et les heureux hasards, ma technique s’est raffinée peu à peu et donne parfois lieu à de plaisantes prouesses. Avec le temps, le résultat est devenu la consécration d’une journée réussie ou le dernier clou au fiasco du moment. Certains soirs, quand l’ego vacille, le trou d’un coup est un baume qui soulage d’un lundi accompli de peine et de misère ou d’un jeudi qui n’a pas rempli ses promesses.
Si la légèreté du mouchoir commande une certaine concentration, un coupon d’abonnement réduit en boulette ou un tube de pommade expiré – le nec plus ultra – réduisent sensiblement le coefficient de difficulté. Il arrive, après tout, que la consolation soit la seule issue envisageable.
Les aspirants lanceurs noteront par ailleurs que, quel que soit le projectile utilisé, le tir réussi devient un heureux présage du lendemain. Quand le mouchoir sombre dans la corbeille, surtout s’il a frôlé la chute au sol, le poing irrépressible de la victoire jaillit de sous la couette.
Panier!
Montréal, autour de 2008.

Bonjour Johanne,
J’espère que tu vas aussi bien que le permettent ces temps de cahots. J’aime bien les mots « Certains soirs, quand l’ego vacille », ils ressemblent à la Vie.
Bonne Année à toi et à ton homme, et une heureuse progression vers la construction des unités de votre projet.
Gilles
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Et bonne année à toi et Martine, Gilles!
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C’est toujours un plaisir de te lire!
Bonne année !
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Bonne année, Diane!
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Ahhh! Come tu as raison; qu’est-ce que ça fait du bien de pousser ce fameux ‘yesssssss’ qu’on laisse tomber quand on a tenu la note de la toune qu’on chante en même temps que l’interprète! Ou bien encore quand on réalise qu’on n’est pas/pas tombé dans le piège que nous a tendu dans sa dictée le vénérable Pr Collinge! Ou bien ce même ‘yesssssss’ que vous lâcherez quand vous mettrez un premier pied (à ne pas confondre avec ‘prendrez’!!) dans votre résidence à St-Jean-Baptiste! Il fait bon voir le Kleenex tomber du bon bord de la corbeille, tout comme il fait bon te lire le premier (ou le 2 ou le 3 ou que sais-je?!) du mois, chère plume vivifiante. Au plaisir.
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Bonjour Johanne,
Un beau plaisir, cette lecture d’humeur. Lue au lit. 🙂 Merci, Johanne, et bonne année à toi et Pierre-Yves !
Carmelle
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Bonne année, Carmelle!
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