Aujourd’hui, nous avons planté un arbre. Un beau grand pin comme les aimait Tom Thomson. Je sais, je vois grand et loin. Malgré son jeune âge, le nôtre peut déjà se qualifier ainsi puisqu’il a fallu rabattre les sièges avant et arrière de la voiture pour le transporter de la pépinière jusqu’au chalet. Assise derrière mon mari transformé en chauffeur, j’ai fait le trajet de retour dans l’anticipation de ce qui allait suivre, la main droite agrippée au jeune tronc pour l’empêcher de bouger.
Nous l’avons planté près de l’entrée, derrière la grosse roche qui borne la limite du terrain. Dans quelques dizaines d’années, si les chevreuils n’en ont pas fait leur affaire, notre grand pin blanc servira de repère aux visiteurs qui s’aventurent ici pour la première fois. « Prenez l’entrée tout de suite après le grand pin blanc. » Au bout de quinze kilomètres de chemins de gravelle, de virages brusques, de montées et de descentes, ils n’auront d’yeux que pour lui. Dans la rosée du matin ou la lueur des phares, notre pin blanc deviendra l’apparition la plus réjouissante des débuts de vacances et des vendredis soirs.

Il y a quelque chose de fondateur dans le fait de planter un arbre. Savoir que son espérance de vie dépasse très largement la nôtre permet d’imaginer qu’il restera ici quelque chose de nous lorsque nos corps seront devenus poussière. Je ne m’étonne pas que des gens s’en fassent un monument funéraire, comme une ode à la vie des suivants, ou que des amoureux y gravent leur serment d’éternité. Le nôtre a déjà pris ses aises, et un jour, des gens qui n’existent pas encore invoqueront notre grand pin blanc pour guider leurs amis jusqu’ici. On a la postérité qu’on peut s’offrir. La mienne s’enracine dans les mots ou dans la terre sablonneuse de L’Ascension, comme aujourd’hui.
Planter un arbre, dans la fulgurance de l’été québécois, c’est tenter désespérément de retenir la saison un peu plus longtemps.

Malgré mon incompétence manuelle bien connue, j’ai réussi à planter deux arbres dans la cour arrière à Anjou, quand les garçons étaient jeunes. Les arbres et les garçons ont beaucoup grandi depuis, les premiers devenant des témoins discrets des événements familiaux.
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Nous, hier, nous avons planté un chêne dans notre cour!
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Pin pin pin voyons voyons !!!
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Joli comme tout. Et un pin blanc, c’est doux doux doux. C’est moins rough que le sapin quand on le frôle en tondant le gazon.
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