D’où nous sommes

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Aujourd’hui, nous sommes rentrés d’une fin de semaine passée à Rimouski.

Malgré le temps frais qui pince les joues, le ciel bleu piscine et le soleil bas de novembre nous donnent vaguement l’impression d’être en vacances. À l’aller, pendant que Pierre-Yves conduisait, je me suis demandé ce que deviennent les gens qui grandissent et vivent à Cap St-Ignace. Que leur apprennent la vue quotidienne des battures, le scintillement des flots sous le soleil de juin et les tempêtes hivernales qui font disparaître l’île aux Grues ? La vie à Cap St-Ignace nous fait-elle différents de celle écoulée à Belœil, Malartic ou Ham Nord ?

Cette question me hante partout où je vais. Quelle portion de notre vie le territoire influence-t-il? La réponse est peut-être plus simple pour qui a grandi à Port-au-Prince, Alep ou Bejing. Mais quelles lunettes les habitants de Tarascon, de Wells ou de Forrest Station chaussent-ils pour interpréter la vie en général et la leur en particulier?

Bientôt, nous atteignions La Pocatière. Ce nom aux robustes percussives me plaît sans bon sens. Les Pocatois (redites-le, pour le plaisir) doivent-ils une partie de leur personnalité à leur gentilé ou à cette paroi rocheuse qui, en bordant la ville, tenait l’envahisseur en respect ? Un jour, je m’y arrêterai, c’est promis.

Au Québec, le panneau routier se porte long. Pour quelques Magog, Amos et Brome, combien de St-Valérien de Milton, de Ste-Hélène de Bagot, de St-Cyrille-de-Wendover et de St-Mathieu de Bellechasse ? La 132 est un poème à la gloire de nos ancêtres et de leur foi. Elle n’en a toutefois pas le monopole.  Je conserve de touchants souvenirs de nos escapades d’adolescents à St-Paul-de-l’île-aux-Noix. Et qui était donc St-Jacques-le-Mineur*? bas-du-fleuve2

Il y a quelques années, mon abonnement à la revue canadienne Geist m’a valu, en guise de cadeau de bienvenue, une carte du pays dont les auteurs avaient recensé tous les noms de villes, villages, rivières et lacs qui évoquent l’un des multiples aspects du cycle menstruel. La toponymie selon ce filtre se décline sous des lieux comme Port Moody, Painkiller Bay, Bloody River, Misery Mountain, Pointe des Spots et lac Tampon. Ma Menstruation Map ne cesse, encore aujourd’hui, de me fasciner. Le site de Geist en propose bien d’autres, dont une carte canadienne de l’anxiété qui vaut le détour. L’exercice mériterait d’être fait pour la carte québécoise de la toponymie à pentures.

Sûrement, il faudrait une nappe de banquet pour l’imprimer.

*Puisqu’il faut tout vous dire, Jacques le Mineur était le cousin germain de Jésus. Vous ne pourrez pas dire que cette journée ne vous a rien appris.

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