Mais non, je n’ai pas oublié ce lieu aimé, point de nos rendez-vous épistolaires. Seulement, j’étais occupée à mille autres choses. Vous savez ce que c’est.

Travailler.
Déménager dans mieux.
S’installer.
(Se) Vendre.
Cuisiner toutes sortes de choses.
Traduire des rapports.
Courir dans des sentiers.
Faire connaissance.
Veiller sa mère.
Écrire (un peu).
Traduire un roman.
Nager.
Balayer le balcon.
Peinturer des murs.
Découvrir.
Lire des romans tristes.
S’inquiéter.
Écrire un éloge funèbre.
Pleurer.
Rouler sur des chemins cabossés.
Colérer.
Boire de bons vins.
Traduire des essais.
Aimer.
Inhumer les cendres de sa mère.
Travailler.
Faire la paix.
Lire des romans décevants.
Écrire un scénario.
Traduire d’autres romans.
Négliger ce blogue.
Y revenir.
Le temps court. Des projets ramassent la poussière dans des chemises de toutes les couleurs. Le travail prend toute la place qu’on lui cède par nécessité ou par lâcheté.
Cet été, juste avant que mon amoureux et moi retournions déposer nos valises de vacanciers devant le fleuve, ma cousine, Roxanne Ducharme, m’a demandé de lui soumettre une idée et des mots tout autour contre la promesse d’en faire un film.
Un scénario de cinq minutes.
Roxanne Ducharme apprivoise l’animation par intelligence artificielle depuis plusieurs mois et en fait d’étonnantes choses, avec l’imagination, la sensibilité et le cynisme que lui reconnaissent celles et ceux qui la fréquentent de près ou de loin.
Je me suis donc assise pendant deux jours de temps mauvais devant le fleuve dont les vagues, éberluées par le vent d’est, s’échouaient à l’envers de l’ordinaire. C’est lui, le fleuve, qui a nourri ma réflexion en pleuvant sur mes idées, sur ce que je sens intimement depuis longtemps et qu’il n’est pas populaire d’exprimer. De cette ébauche est né le scénario que j’ai proposé à Roxanne Ducharme juste avant l’automne.
Elle au Panama, moi au Québec, on a échangé nos idées, ses images et mes émois pour arriver à ce joyau qu’elle a si bien créé et poncé :
L’exercice m’a appris beaucoup de choses.
- Cette douzaine d’années écoulée à imaginer, créer et proposer des scénarios dans le désert est une cicatrice aux nombreuses adhérences.
- L’intelligence artificielle est une extraordinaire (et tentaculaire) invention.
- Les jours du métier de traductrice sont comptés (la version anglaise de FOSSiLS n’est pas de moi, ou si peu, ni d’une autre personne).
- La famille, quand même, a dans ses longues manches de chouettes surprises.
- Il me faut dépoussiérer mes chemises de toutes les couleurs.
Dernière heure : FOSSiLS fait partie de la sélection du Artifact AI Film Festival! Libre à vous de voter pour lui ici.
Illustration : Roxanne Ducharme.
J’ai regardé le court film plusieurs fois et voté avec un ❤️
https://artefact-ai-film-festival.com/fossils-66fc41fd8ee44
Encore une fois bravo Johanne pour le beau scénario/texte poétique et puissant que tu as écrit et que Roxanne a mis en images. Belle réflexion sur l’impermanence de l’humanité.
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Merci encore, chère cousine, pour cette opportunité. C’est ton texte si émouvant qui a inspiré les belles images de ce film. Je trinque à nos futures collaborations !
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À la nôtre!
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Wow, super bon, d’actualité! Les images sont impressionnantes, le texte nous fait réfléchir au schéma de la vie, à notre surconsommation. C’est la triste réalité mais le texte se termine sur une note positive. La voix de la narratrice et la musique englobe le tout. Je l’ai écouté plusieurs fois ce matin. Bravo Roxanne et Johanne et l’équipe.
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Merci!
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J’espère que tu laisseras libre cors à tes pulsions de scénaristes… et que tu ne cesseras jamais d’écrire ! Je t’appelle en octobre pour aller marcher !
GILLES, de Boucherville
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C’est magnifique. Et troublant. Bravo!
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