Fin de partie

L’an dernier, à cette date, je publiais le premier d’une cinquantaine de billets hebdomadaires qui relataient à peu près mon année 2016. J’ai expliqué ici le but de ma démarche.

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J’avais envie de cet exercice de discipline, de ce bel ouvrage dont je devais reprendre le fil tous les cinq jours. Vingt-cinq mille mots plus tard, je compte me poser sur une autre branche pour la suite.

Il y a quelques semaines — alors qu’on s’émerveillait encore du temps doux —, j’ai retrouvé Marie-Claude, ex-complice d’écriture, dans l’un de nos anciens repaires de la petite Italie montréalaise. J’ai fait le point avec elle sur cette année de blogue, sur l’écriture qu’on détourne à des fins accessoires — pas toujours nobles — et sur cet inextinguible feu qui, tôt ou tard, doit jaillir. Marie-Claude m’attend dans le détour. Elle espère surtout ce roman dont elle connaît certains des personnages (presque) aussi bien que moi. Nous avons également parlé du blogue qu’elle avait commencé puis abandonné, de nos attentes, de nos emballements et de nos épouvantes. Bloguer, c’est beaucoup écrire pour soi devant public. Mais c’est surtout écrire pour soi. Le blogue est une lampe frontale qui éclaire nos pas d’exploratrices, d’auteures, d’écrivaines qui marchent dans le noir. Nous ne sommes pas seules, c’est le moins qu’on puisse dire, mais l’auditoire est parfois bien discret. Quand il se manifeste, c’est Noël en juillet, c’est un redoux de février, c’est un 24 juin allègre.

Le hasard, qui fait si bien les choses, a voulu que le blogue de Marie-Claude renaisse de ses cendres durant la semaine où le mien suspend son vol. En lisant l’annonce joyeuse de son auteure, j’ai eu l’impression qu’elle prenait le relais, depuis sa Trumpélie d’adoption. On a cessé d’écrire ensemble, mais on n’a pas cessé d’écrire. Je lui souhaite de s’éclater au moins autant que je l’ai fait durant la dernière année.

J’ai toujours vu le blogue comme un carré de sable, une toile, un laboratoire, un terrain de jeu. J’y ai essayé des trucs qui n’ont pas fonctionné et publié avec succès des pierres que j’avais soigneusement polies. J’ai reçu des réactions par courriel, ici et sur d’autres plateformes, au téléphone et en personne. On n’écrit pas uniquement pour ça, mais on écrit quand même beaucoup pour ça.

Je n’abandonne pas pour autant ce site qui fait désormais partie de moi, mais j’espacerai mes visites. N’attendez pas, seuls sous la neige, une prochaine publication : abonnez-vous pour recevoir par courriel mes billets plus rares! C’est qu’on ne peut pas tout faire. En prenant cette pause, je dégagerai quelques heures supplémentaires par semaine pour mettre sur papier et en forme tout ce qui s’agite et grandit du côté des Prisonniers.

Pour ceux qui viennent de se joindre à nous, je relancerai sur les rézosociaux des publications saisonnières passées, comme des reprises du Temps d’une paix. Si Rad-Can le fait, je ne vois pas pourquoi je me gênerais.

Sur ce, je vous laisse momentanément pour une bande de nomades qui n’attendent qu’une deuxième chance de vivre au grand jour.

 

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20 réflexions sur “Fin de partie

  1. Hum tes mots et toi me manquerez. J’avais pris l’habitude de commencer mes mercredis de télétravail en allant d’abord voir ce que tu nous réserves cette semaine. Comme de courtes vacances, avant de reprendre le travail de la semaine. Bien hâte de rencontrer tes nomades.

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  2. Bravo Johanne, tu nous a fais plaisir à chaque mercredi. Bonne pause, bien méritée, le temps de te « nourrir » et replonger à nouveau dans les allers et détours de l’écriture. xx

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  3. Comme vous avez bien défini le geste de bloguer et l’espoir bien enseveli au fond nos apparentes légèretés que quelqu’un se trouve de l’autre côté du miroir cathodique. Forcer le retour aux billets en quelque fréquence que ce soit est un boulet qu’on doit délester et je suis heureux pour vous que vous le fassiez maintenant en toute sérénité. Ce ne seront que des retours plus heureux et mieux sentis qui vous, nous attendent. Au plaisir. Flying Bum

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  4. Nous avons été bien gâtés. Merci, Johanne. Alors au lieu de bonbons variés, moelleux, parfois un peu acides mais toujours savoureux, c’est un gâteau à étages que nous allons pouvoir déguster. Je suis impatiente de satisfaire ma gourmandise. Bonne préparation!

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  5. Mes mercredi matins en ta compagnie me manqueront. Ce rendez-vous hebdomadaire était un petit répit, entre le petit déjeuner, les clients, la maison, le fiston, le réseautage… J’y retrouvais un peu de nos conversations sur la vie, qui étaient plus fréquentes à une autre époque.
    Tu écrivais il y a 1 an: « L’attachement qui naît alors ressemble de très près à celui que vivent deux personnes de chair et d’os. Je termine chaque journal avec une pointe de regret, comme devant une relation qui s’achève. Plus, même, puisqu’on ne remarque généralement pas le moment où une amitié franchit ce point de non-retour. »
    Oui, j’ai du regret que cette aventure soit terminée, et je pense que je devrai me mettre à la relecture de ton blog et de tes billets de blog en attendant « Prisonniers »

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  6. Quand on s’abreuve chaque semaine de tes mots, il est difficile de prétendre à une ‘faim de partie’! Alors tu nous permettras de laisser libre cours au déni, jusqu’au jour de la délivrance… de(s) prisonniers! Merci de nous avoir offert au fil du temps ton génie des mots au travers ton JiTéHebdo (le TVHebdo n’étant plus). La pertinence de ton propos, tantôt lucide, tantôt cinglant, fait oeuvre utile, Johanne; n’en doute point. Y’a pas à dire : ce 15 novembre n’aura pas été (n’est-ce pas toi qui manies le futur antérieur de l’indicatif comme pas une?), n’aura pas été, disais-je, Un jeudi comme les autres! Bonne continuation, et au plaisir.

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