Aujourd’hui, j’ai acheté une théière du Japon dans un bazar de Rosemont.
Un groupe auquel j’avais adhéré sur Facebook faisait circuler depuis quelques jours la publicité des organisateurs, qui annonçaient un « bazar vintage ». Ce qu’un mot peut évoquer. C’est ce vintage qui m’a attirée dans un sous-sol d’église, un samedi matin froid de novembre.
J’y étais entrée depuis dix minutes à peine lorsque j’ai aperçu la théière, déposée sur une étagère, entre un cendrier Mark Ten et des couverts dépareillés. Elle était belle à mort. Multicolore comme un vitrail, avec sa glaçure dorée et son bec vert mousse, elle avait le port fier d’un shogun et des courbes parfaitement équilibrées. Elle était aussi bien conservée qu’un cadeau de noces oublié sur un dessus d’armoire de cuisine, à l’abri des maladroits, des chicanes de ménage et des lave-vaisselle. Malgré tout, j’ai hésité comme je fais trop souvent, en me disant que j’allais d’abord faire le tour.
Deux tables plus loin, je me suis approchée d’une Germaine juste à temps pour l’entendre déclarer qu’elle collectionnait des théières et des tasses. Sans respirer, j’ai battu en retraite presque à reculons, et suis allée payer au vendeur les 15 $ qu’il demandait pour ma théière made in Japan. Zip, zap, merci, bonsoir. Mon butin caché dans un sac d’une mercerie de Lévis, je suis repassée derrière Germaine avec le sentiment de l’avoir échappé belle. Tout le reste de ma visite s’est fait à l’aune de la théière japonaise, que je chérissais déjà comme une lampe merveilleuse. Et je n’ai rien acheté d’autre.
Je l’ai pourtant regretté. La prochaine fois, je m’attarderai plus longuement sur ces nappes brodées au point de croix, belles comme le jour où une jeune fille – aujourd’hui pensionnaire d’un CHSLD – les a reçues pour son trousseau. Je cèderai devant ces gros pots de marinades, bien moins cher qu’au chic marché Jean-Talon. Je me promets surtout de parler plus longuement aux membres de cette faune de collectionneurs, de ramasseux et de brocanteurs qui se réveillent chaque matin dans un paysage différent du mien. Je n’ai que faire d’antiquités attestées, vintage or not. Les objets qui ont fait partie de mon enfance et que je retrouve dans ces bazars m’émeuvent autrement plus qu’un guéridon Premier Empire ou qu’un fauteuil Louis XVI. J’ai même failli craquer pour un lot de romans en petit format, pareils à ceux que ma mère avait glissés un jour dans nos bas de Noël.
À la sortie, la musique d’un office religieux remplissait toute la cage d’escalier. Je l’ai suivie comme un serpent charmé sort de son panier. En entrouvrant la porte donnant sur le chœur, j’ai aperçu une vingtaine d’ouailles – surtout des néo-Québécois – assis dans les premiers rangs. J’ai eu envie d’entrer, mais mon sac trahissait l’objet véritable de ma visite, et j’ai refermé la porte.
J’ai peut-être perdu la foi, mais pas mes bonnes manières.
Toujours aussi agréable de te lire mon amie Johanne!
Des photos de ta trouvaille?
Je suis curieux de voir cette merveille d’orient… 🙂
xoxoxo
Benoit Bernier Directeur Clinique Déclic 6250 des Écores Montréal, H2G2J5 http://WWW.DECLIC.CA
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Pourquoi faire? Elle est mille fois plus belle dans ta tête!
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Quel plaisir de vous retrouver en ce mercredi oh combien nuageux et ennuyant. Mes salutations..
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Sympathique billet 🙂
Moi qui fuis habituellement ce genre d’endroit, ça m’a donné le gout d’y être!
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Il y en a justement un ce dimanche! 😉
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Merci Johanne pour ce beau cadeau en ce 30 novembre 🙂 Moi aussi j’ai bien tous ces objets qui me ramène à mes jeunes années. Ta plume est toujours aussi exquise!!!
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